JEAN CHARLES MINIAC :1769 - 1842
Maître-charpentier et corsaire.
é à Saint-Servan le 2 février 1769, un des dix enfants de Jean Miniac, jardinier, et Madeleine Taillefer. Frère d’Antoine, ascendant direct. Aide-calfat, puis Maître-charpentier de marine sur les corsaires et les négriers au temps des guerres de la Révolution. En Bretagne, cet homme de taille moyenne et au poil châtain réside notamment au Poncel, village de sa commune natale et au Rosais chez son père en 1792.
A dix-huit ans, en 1787, Jacques est levé pour le « Montmarin », avant d’embarquer sur le « Comte de Luzerne » l’année suivante, pour l’Isle de France. En 1789, Jean-Charles embarque sur un négrier traitant à l’Isle de France, le « Comte de Thiard », capitaine Bertrand Avice, secondé par son frère Claude, un autre cancalais, un navire de 250 tonneaux armé par l’armateur de Montmarin, Benjamin Dubois. Après avoir été acheté des produits à Pondichéry, le négrier traite deux cent trente esclaves noirs au Mozambique, à Malimbe, côte ouest du continent africain, esclaves qu’il conduit au Cap français, à Saint-Domingue.
Le 2 janvier 1792, il embarque comme Maitre charpentier à 33 sur le « Couvreur », capitaine Morin, à destination des Indes. Mais, malade, il est débarqué à l’Isle de France. Là, le 20 septembre, il réembarque comme charpentier sur le brick « Hélène », capitaine F…, allant à la côte d’Afrique. Le 22 juillet 1793, il est pris par les Anglais. Sauvé des prisons, il débarque à Calais.
Le 21 ventose 1794, il embarque comme charpentier sur une frégate lançée dans l’année, la « Cocarde nationale », commandant Allanic, lieutenant de vaisseau. La frégate se rend de Saint-Malo à Brest avant de croiser dans l’Alantique et de revenir à Brest. (6) Le 9 fructidor an III, il a une permission de vingt jours pour s’absenter de cette frégate et aller chez lui chercher des affaires. Mais il revient dès le 15 fructidor de Pontivy, « n’ayant pu aller plus loin, la route étant bouchée par les choüans » !
En 1795, le 6 vendémiaire de l’an IV, il travaille à Solidor : aide-charpentier sur la flûte « Le cormoran », du 29 pluviose au 16 thermidor an VII. Le lendemain, il est sur une nouvelle frégate malouine en chantier, la « Didon », qu’il évacue le 17 fructidor, ayant une volumineuse hernie et un orteil coupé !
A Saint-Servan, demeurant maintenant au bourg, Jean-Charles se marie avec une marchande, fille d’un journalier, Marie-Jeanne Jousselin, le 21 fructidor de l’an III (9 septembre 1795). Pieuse, elle intégrera la Congrégation des Dames en mai 1818.
Le 20 nivôse de l’an VIII (10 janvier 1800), Jean-Charles, charpentier, est témoin du mariage de François Colin, un mélorien demeurant à Saint-Servan.
Un certificat daté du 22 floréal an XI prouve qu’il a travaillé 72 mois en qualité de charpentier dans l’arsenal de Solidor.
Il est présent à la revue générale sur la goélette l’« abeille », du 7 septembre au 20 septembre 1804.
Le 16 frimaire an 13 (7 décembre 1804), à Saint-Malo, Jean-Charles embarque comme second maître charpentier sur la frégate corsaire la « Piémontaise », construite à Solidor en 1804 ( plan : Pestel ), un vaisseau de 46 canons et 235 hommes de la Division des mers de l’Inde du Contre-Amiral Linois. Commandé par le capitaine Louis Jacques Epron, 36 ans, le navire subit deux cyclones avant d’arriver à l’Isle de France. Le 15 mars 1806, dans cet ouragan au large du Cap de Bonne espérance, le navire est démâté de son perroquet, de la hune et du grand mat d’artimon. Réparée, elle cherche à se présenter devant « Port-Napoléon », mais des vents contraires l’obligent à longer le nord de l’île et à s’échouer sur la pointe des canonniers, où les batteries, la confondant avec une frégate anglaise, la prenne pour cible. Malgré cela, il réussit à se remettre à flot avant l’arrivée d’un ennemi de 74 canons. Finissant par entrer dans le port, la frégate est définitivement réparée. Cependant, fiévreux, Jacques entre à l’hôpital du 3 au 12 mai, puis du 22 mai au 9 juin. Il reprend ensuite le large pour Sumatra, croisant aussi la frégate la « Sémillante », frégate de 550 tonneaux et 14 canons de 12. Le 21 juin 1806, en vue de Padang, au sud de la Réunion, la Piémontaise fait une énorme prise, celle d’un riche indiaman, de la Compagnie anglaise des Indes, le « Warren-Hastings» de la East Indian Company, 1200 tonneaux, 190 hommes, 48 canons, un vaisseau anglais de retour de Canton avec une cargaison de thé estimée à trois millions de francs ! En quatre heures et demi, la frégate française réduit le navire anglais à l’état d’épave. Son capitaine, Thomas Larkins, est poignardé au combat, capturé et envoyé à l’Ile de France. (4)
Jean-Charles revient de la « Piémontaise » en 1806, mais atteint de scorbut, il est hospitalisé du 1 août au 17 octobre. Sur cette frégate, il est de revue en juillet 1807. Il en débarque le 7 avril.
Aussitôt, il sert sur la corvette « Jaseur », commandée par Bazin fils, en qualité de 2ème maître charpentier, du 8 avril au 10 juillet 1807, puis il fut pris sur cette corvette par la frégate anglaise le « Bombay », conduite par Bongale.
Ainsi, Jean-Charles n’aura pas vu la prise de la « Piémontaise » par la frégate « San Lorenzo » en mars 1808, dans le golfe de Mann. (5)
En 1809, Jean-Charles est revenu sur le « Charter ». Le 24 juin, malade.
Le 8 décembre 1809, il embarque sur la frégate la « Nérëide », cdt Le Maresquier, à la fin de sa mise en chantier quelques jours avant (7), construite dans les chantiers de Solidor depuis l’an passé ( plan : Pestel ). Le 14 janvier 1810, elle avait déjà quitté Saint-Malo sous le commandement du corsaire Le Maresquier (1), à destination de la Guadeloupe, pour y transporter des troupes et des vivres. A la Guadeloupe, elle ne peut aborder l’île qui vient de capituler en février devant les Anglais. Ainsi, dans l’ouest de Saint-Domingue, la frégate livre combat à la corvette anglaise « Rainbow » et au brick « Avon », et revient à Brest le 14 avril (2). Ensuite, pendant la campagne 1811, avec la « Renommée » et la « Clorinde », la « Nérëide » fait partie de la division expéditionnaire placée sous les ordres de Roquebert avec pour destination Java devenue française après l’annexion de la Hollande par Napoléon. Le 30 décembre 1810, Jean-Charles en débarque avant que la frégate chargée de troupes et de matériels ne quitte Brest le 2 février 1811 pour l’Isle de France qui, tombé entre temps dans l’escarcelle anglaise, l’oblige à changer de cap, engageant un combat au large de Tamatave le 20 mai 1811 contre une division anglaise composée des frégates « Phoebe », « Astraea » et « Galatea » et du brick « Racehorse ». Son commandant tué au combat le 20 mai, la frégate française se rend six jours après à l’ « Astraea ». (3)
Ayant beau avoir été négrier et corsaire, Jean-Charles, résidant alors rue de l’étoupe, intègre la Congrégation des Hommes et la Confrérie du Sacré Cœur de Jésus dès leurs débuts à saint-Servan, en 1818 !
Veuf de Marie-Jeanne, morte le 15 juin 1824, il se remarie avec Anne Maitrallain dès le 26 août suivant !
Jean-Charles décède le 25 septembre 1842 rue verte à Saint-Servan, laissant un fils, Jean, charpentier, et une veuve.