18/01/2013

Un enracinement millénaire

Si  notre liste ci-après démontre une présence continue du patronyme sur plus de trois siècles en pays de Saint-Malo, le nom de Miniac y est porté depuis des temps immémoriaux.
Chevalier MINIAC


Les Bretons des îles Britanniques émigrés en petite Bretagne portaient le nom de Morwan (hommes de la mer). A Miniac Morvan, ils eurent pour centre primitif le village du Vieux-Bourg. A quelques encablures de là, le chef de la colonie batît une forteresse autour de laquelle la troupe militante se regroupa, origine féodale datant du 11eme siècle, précurseur de l'actuel château du Bas-Miniac. Au 12eme siècle le château appartenait à Guillaume de Miniac. Aussi Miniac-Morvan doit son nom à un de ses premiers seigneurs, Morvan de Miniac, certifié en 1181.

Ainsi, le nom de Miniac, une des plus antiques familles de Bretagne, apparaît dans les chartes du pays de Dol de Bretagne dès le XIIème siècle, parmi les défenseurs de la Tour de Dol-de-Bretagne. En effet, un chevalier De Miniac, Guillaume est retranché dans cette tour avec trente-neuf autres intrépides chevaliers et soixante dix hommes d’armes de l’armée bretonne du baron Raoul II de Fougères, du 20 au 26 août 1173, assiégés par le roi d’Angleterre, le quadragénaire Henri II Plantagenêt, par ailleurs comte d’Anjou, duc de Normandie et marié avec Aliénor d’Aquitaine.
 
Raoul de Fougeres
Depuis la honteuse et houleuse abdication d'un duc ami des anglais, Conan IV, en 1166, qui cède
le pouvoir à Henri II jusqu'à la majorité de son fils Geoffroi,  marié à l'âge de 8 ans à Constance,
la propre fille du duc de Bretagne, la Bretagne est soumise à la tyrannie anglaise, et ce jusqu'en 1181,
se révoltant à huit reprises successives.
Cette année- là, l'infatigable baron Raoul venait de signer des exploits, notamment celui de
s'emparer du château de Combourg, de brûler celui de Saint-James et du Teilleul et de prendre Dol
aux anglais, inquiétant Henri II, celui-là même qui avait incendié voici sept ans le premier château
de Fougères, un ouvrage en bois sur un promontoire dominant un méandre du Rançon, édifié vers
l'an 1000 par le breton Menn I afin de défendre la  région frontalière du duché de Bretagne. Depuis
cet incendie, Raoul II, baron depuis 1150, a mis en oeuvre une avancée en pierre, composée de
3 tours, initiant la plus importante citadelle de la frontière de l'état ducal.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Raoul deFougeres

Henry II Plantagenet
 
                                                           

                                                            

Aussi, jugeant grave la rébellion du baron Raoul, l’autoritaire Henri II envoie une énorme armée de brabançons constituée de durs et sauvages routiers aguerris qui défont l’armée piétonne des paysans du baron Raoul et de son allié anglais, le comte Hugues de Chester, un ami de Geoffroi, un des cinq fils du roi d’Angleterre alors en révolte avec l’appui de sa mère Aliénor contre son despote de père. C’est au sortir de cette bataille à laquelle participe un chevalier de Miniac qui fait mille cinq cent victimes et accessoirement seize chevaliers prisonniers que le reliquat de l’armée s’enferme dans la fameuse tour le 20 août, où six jours plus tard, les assiégés doivent se rendre devant les imposantes machines dressées par Henri II lui-même accouru sur place depuis trois jours. Après être sorti victorieux de cette cinquième révolte des barons bretons de 1173, ce chef de la dynastie anglo-angevine emprisonne ensuite dans diverses forteresses de Miniac et la plupart des autres chevaliers de ce « bataillon sacré de l’indépendance bretonne ». Malgré ce terrible coup, la lutte continua dans le duché indompté jusqu’à la proclamation de l’anglais Geoffroi II comme duc de Bretagne en 1181, marié avec la fille de Conan IV et libéré de la tutelle de son père

Henry II Plantagenet

L'avancée duchâteau de Fougères 


L’avancee du château de Fougeres
Olivier Miniac

De même, Olivier de Miniac, un hobereau de Haute-Bretagne parlant un Français abatardi et baigné de catholicisme, est compagnon d’armes d’un autre petit noble du pays Gallo, le belliqueux dinannais Bertrand Du Guesclin ( 1320-1380 ). Olivier combat avec le vaillant capitaine de compagnie dans la fameuse guerre de succession de Bretagne. Après la mort du duc Jean III le Bon en 1340, après la mort de Jean III Le Bon, une nouvelle période tragique s'ouvre : 2 successions possibles. D'une part la fille de son père Guy, jeanne de Penthièvre, épouse de Charles de Blois, de l'autre le plus jeune frère du Duc, Jean de Montfort. Cahrles de Blois, candidat de la France, ralliant à sa cause les prélats et les hauts barons ou Jean de Montfort, soutenu par les Anglais et s'appuyant sur la petite noblesse Bretonnante ? On ne peut relater ici toutes les épisodes d'une guerre qui dura 25 ans. Au service du juste et généreux duc Charles de Blois, appuyé par le roi de France, Du Guesclin combat le parti de Montfort jusqu’à la prise du duc par les Anglais à la Roche-Derrien en 1347. Le capitaine de la Motte-Broons participe au siège de Vannes en 1342, s’empare par la ruse du château du Grand Fougeray.

En 1353, année où il hérite, de son défunt père de la seigneurie de Broons, bien que de fortune familiale modeste, Du Guesclin se voit pourtant confier la garde de Pontorson, au carrefour de la Bretagne et de la Normandie, à quelques lieues de la demeure d’un autre hobereau, Olivier Miniac, grâce à des appuis haut-placés et sous le commandement du maréchal d’Audrehem. Le chef de bande incontrôlé de la forêt de Brocéliande appelé le « dogue noir » se mue alors en militaire encadré. L’ancien bandit de grand chemin capture audacieusement Claveley, un chef de guerre Anglais en 1354 à Montmuran, près de Tinténiac.

Par la suite, il sauve Rennes du siège anglais du respectable duc de Lancastre en 1356, ce qui lui vaut de devenir Chevalier par Chales V. La même année, il vainc en un duel épique Thomas de Cantorbéry au siège de Dinan. Le fourbe Anglais, il est vrai, avait osé prendre en otage son frère Olivier pendant une trêve lui interdisant toute action militaire.

En 1363, à quarante-trois ans, le rustre Bertrand se marie avec l’intellectuelle Tiphaine de Raguenel, quarante ans, proposée par son seigneur, Charles de Blois. Férue d’astrologie, elle lui avait prédit sa victoire au duel. Mais, mariage de convenance, cette épouse sans attrait est délaissée à Pleudihen, sur les bords de Rance, à la limite de ses zones de combat. Par ailleurs, les comtés d’Evreux et de Beaumont échoient en apanage à une branche cadette de la famille royale de France. Un de ses membres, l’immoral roi de Navarre Charles II dit « el Malo » prétend par la suite au trône de France contre son beau-frère, le chétif roi Charles V le Sage ( 1337-1380), après la mort de son beau-père, l’excessif Jean II le Bon, en avril 1364. Il est vrai que, marié à Jeanne, la fille aînée de Jean le Bon en 1352, Charles II le mauvais ne reçut pas les domaines promis ; aussi, les Navarrais entrèrent dans une longue lutte contre ce beau-père ingrat, le faisant prisonnier à la défaite de Poitiers en 1356, le rançonnant et liquidant son connétable favori, de La Cerda. Bien que mort le 8 avril en otage à Londres, son fils Charles le sage n’apprend la mort de son père, Jean, que le 17 et entre dans Paris cinq jours plus tard. Ce n’est que le 5 mai suivant qu’ont lieu les obsèques de Jean le Bon, inhumé à Saint-Denis le lendemain. Il avait quarante-cinq ans.


Du Guesclin
A l’époque, de redoutables troupes de gascons établies dans les campagnes environnantes de Paris font bombance alors que la ville de Paris elle-même crie famine. La confiscation des fiefs de Charles le mauvais par Charles V le sage provoque inévitablement une tension, exacerbée par la récente disparition de Jean le Bon. Une armée levée en Gascogne et en Navarre est sous les ordres du baron Jean de Grailly ( 1321-1376), un mercenaire indépendant, ni français, ni anglais, seigneur du Captalat de Buch, en Gironde, seigneurie qui bénéficie du commerce florissant avec l’Angleterre et Bordeaux. Ce cousin de Gaston Phoebus et ami du Prince Noir s’oppose alors au fidèle Bertrand du Guesclin, à la tête d’une compagnie de soudards, un chef de bandes qui s’est illustré dans les luttes dynastiques de son duché et sur lequel se repose Charles V dont la malformation de son bras droit lui interdit tout combat.

Perché à 192 mètres au-dessus de sa plaine, Cocherel est un petit village de l’Evreçin, sur la rive gauche de l’Eure, près de Vernon, dans l’actuel département de l’Eure, aux confins de la Normandie et de l’Ile-de-France. C’est dans la plaine de cette seigneurie, le 16 mai 1364, qu’a lieu une des batailles marquantes de la mal nommée guerre de cent ans ( 1340-1453 ) et la plus spectaculaire victoire de Du Guesclin. Ce 16 mai-là, de Miniac et les compagnons du « capitaine de Pontorson » Du Guesclin, passé au service du roi de France, Charles V le Sage, attaquent les Anglais et les Navarrais retranchés et commandés par le Captal de Buch. Dans cette plaine, à Houdemont précisément, le combat est âpre entre les deux armées sans artillerie et fortes d’un millier d’hommes chacune. Les tirs d’archers de l’armée de Jean Grailly, en défense, s’opposent aux seuls arbalétriers des attaquants français. Ayant une vue d’ensemble de la bataille, et usant d’information, de ruse et de surprise, s’opposant aussi à l’impatience d’une réserve de quelques deux cent combattants, le tacticien Du Guesclin simule alors une fausse retraite ; aussi, contrairement aux méfiants Gascons de Grailly, les Anglais de Joël commettent l’erreur de quitter leur camp retranché pour aller attaquer les Bretons faussement en fuite. Au moment opportun, le mercenaire breton lance soudainement deux cents impatients hommes d’armes à flanc ! La volte-face de Du Guesclin les surprend ! La lourde chevalerie féodale ayant disparu et la bravoure inutile des nobles chevaliers désuète, c’est essentiellement un vaste corps à corps meurtrier de fantassins qui les repousse, les écrase, tandis qu’un mouvement final de ses quelques cavaliers sur les arrières du camp navarrais parachève la victoire. Quelques morts du côté français et quelque huit cent victimes du coté ennemi, parmi lesquelles un blessé, un chevalier errant aquitain au parti des Anglais, le sire Petiton de Curton, qui joue un beau rôle mais qui est blessé tandis que le seigneur sarthois Louis de Beaumont-Brienne est tué. Au terme de cette cuisante défaite, le captal est le dernier à être pris, après s’être défendu courageusement. Traité avec égard, on essaie même de le séduire pour le rallier à la cause des Valois. Peine perdue. Le pont de Vernon sur la Seine forcé par les ennemis, c’étaient le Vexin et l’Ile-de-France ouverts et Paris menacé. Cette victoire, premier sourire de la fortune pour ce jeune roi méthodique selon Christine de Pisan, femme de lettres de l’époque, lui permet de trouver libre le chemin de Paris où il rentre le 28 mai, de retour de son sacre à Reims, le 19 mai précédent. Le traité d’Avignon ratifié à Pampelune mettra ensuite un point final à cette conspiration de Charles et Philippe de Navarre contre la monarchie héréditaire des Valois, dont cette victoire de Cocherel permet de restaurer le prestige mis à mal par feu Jean le Bon.
Quant à Du Guesclin, passées les festivités de la victoire, il livre bataille à Auray comme simple exécutant où, au terme de la défaite française, il est fait prisonnier un moignon d’épée à la main, par l’Anglais Jean Chandos, le 29 septembre 1364. Par après, Charles V paie sa rançon et le nomme capitaine de Normandie, avec le Comté de Longueville, près de Dieppe. Libéré, le Breton lutte contre les mercenaires désœuvrés qui pillent le royaume, puis il est consacré connétable de France en 1370, avant de se remarier quatre ans plus tard avec la dame de Laval.
La plaine alluvionnaire de l'Eure, proche de Cocherel

La plaine alluvionnaire de l’Eure, proche de Cocherel
Par la suite, après la mort du duc Charles de Blois, ce 29 septembre 1364, à la défaite d’Auray, la Bretagne revient au juvénile fils de Jean de Montfort, le francophile Jean IV le Vaillant.
Initiateur le plus lointain d’une des 2670 familles nobles françaises existantes encore en 2005, Olivier de Miniac construit le château de Lesven, en Miniac-sous-Bécherel, à son retour de la guerre contre le roi de Navarre. Aujourd’hui, il ne reste rien de ce château assiégé en 1590 par les troupes de Mercoeur.
Le cousinage avec Bertrand Du Guesclin
Olivier de Miniac (de Mauny) (1320-1380 à St Thual, 35) est le fils d'Hervé, sieur de Mauny et de Lesnen
(né vers 1275-...) et de Marie Du Guesclin (né vers 1285-...), tout deux mariés vers 1305. Marie du Guesclin
(petite fille de Bertrand du Guesclin (environ 1220-après 1293) sieur du Plessix Bertran et de Blanche de Coetquen (ou colasse de Flockouet né vers 1230) (fille de Pierre ou Bertrand Robert du Guesclin, né vers 1250, et de Jeanne De Broons, né vers 1250), tout deux mariés soit en 1260 soit en 1270, à au moins deux frères, Hugues et Guillaume du Guesclin, sieur de Broons, grand père du connétable Bertrand du Guesclin. Guillaume du Guesclin qui se marie vers 1285 avec Agnès du Treil de Beaumont a quatre enfants, Bertrand, Olivier et Robert, sieur de Broons (...-1353), lui même se mariant en 1319 à Jeanne de Sens de Malemains, dame de Sacey, et ayant deux enfants dont le célèbre connétable de France.
Titre d'Olivier de Miniac Seigneur et baron de Lesnen, chevalier banneret à Pontorson le 1er mai 1371, au siège de Rennes en 1357
Capitaine de Carentan en 1365, sieur de Thorigny (Calvados), de Miniac en 1380, testament le 9 juillet 1389.


La lignée d'Olivier, descendance Capétienne 
Cet  Olivier de Miniac reste le plus ancien ascendant affilié de la noble maison de Miniac en Bretagne, dont , à la fin du XVIème siècle, cette maison comptait deux grandes branches, celle d’Illifaut ( une des cinq paroisses de l’Abbaye de Saint-Méen, près de Merdrignac, Cotes d’Armor ) et celle de Baguer-Morvan, issues de ses deux petits-fils, respectivement Jehan de Miniac, le puisné, et Julien de Miniac, escuier, Seigneur de Boisquinou, en Baguer-Morvan, dont la lignée donnera un procureur au Parlement de Bretagne, Jean de Miniac.

Pourtant, les registres de catholicité de la paroisse de Baguer-Morvan antérieurs au XVIII ème siècle ne donnent aucune qualification nobiliaire, ni même la particule, aux sieurs du Boisquinou et de Boutergot. Ce n’est que le 17 mai 1694 qu’un acte notarial à Ploërmel rétablit la particule pour la branche de Baguer-Morvan, le chef de nom et d’armes de la branche aînée d’Illifaut reconnaissant leur légitime filiation nobiliaire avec Julien (de) Miniac, conférant noblesse aux Miniac du Boisquinou, de Boutergot, des Fresches, de la Favrais, de la Haute-Dibois, du Guébriand, des Fosses, de la Bodays, de Ronseray et du Chastelain, de la Rabaudière des pays de Rennes, Domagné, Dol, Lannion, tous descendant de la branche de Baguer-Morvan. Cette branche abandonne alors son blason « de gueules au lion d’argent » pour adopter celui de la branche aînée, « un aigle éployé à deux testes ( couronnées d’argent ) et accompagnée de sept billettes de mesme, quatre en chef, trois en pointe », adoptant de même sa devise, « Honneur et Loyauté », inscrits dans le Grand Armorial général de France de 1696. En conséquence, des Lettres patentes accordées en décembre 1699 par Louis XIV à Jean Miniac, sieur de Boisquinou, Pierre Miniac, sieur des Fosses, et Guy Miniac, sieur de la Bodays les autorisent à « rétablir la syllabe de », leur permettant ainsi de prendre la qualité d‘écuyer dans divers actes au cours du XVIIIème siècle.

francois de miniac
Le chevalier Jean François de Miniac, chevalier de l'ordre de St Louis, bienfaiteur de la bibliothèque municipale
de Rennes.

Les Miniac de Saint-Malo
 
Quant aux De Miniac du pays de Saint-Malo ( les seigneurs de la Moinerie, de Villeneuve, de la Ville ès nouveaux, de Tressaint, de la Poupardière …), ils sont tous issus de la branche établie à Saint-Suliac au début XVIème siècle ( Barthélemy Miniac, marié avec Robine Ambouchart), descendant très probablement anciennement de la maison de Miniac, attesté en cela par la comparaison des blasons et des similitudes nominatives au XVIème siècle. Cette branche malouine a fourni plusieurs illustres marins, parmi lesquels le capitaine de corvette de la Moinerie-Miniac, commandant le Fidèle, un bâtiment de 60 canons et de 488 hommes dans l’escadre de Duguay-Trouin lors de la prise de Rio De Janeiro en septembre 1711, mais aussi un lieutenant-colonel, mestre de camp de dragons à Saint-Domingue en 1765 sous le comte d’Estaing, Jean-François de Miniac, et un président de l’Ordre de la Noblesse aux Etats de Bretagne en 1772. Pourtant, au lieu de prouver sa noble filiation par des actes, Pierre (de) Miniac, sieur de la Moinerie, préfère acquérir « une savonnette à vilains », c’est-à-dire une charge conférant assurément la noblesse à la branche malouine, devenant vers 1695 audiencier en la chancellerie près le Parlement de Navarre à Pau.

Respectivement, les blasons de la maison Miniac, celui de la branche de Saint-Malo et celui de la branche de Baguer-Morvan. Notons la similitude des armes de Du Guesclin et de De Miniac